Canadairs, Incendie 2025, Corbières

Mardi 5 août à 16 h 15, depuis la route des Corbières, un immense nuage s’élève dans le ciel — un présage inquiétant. Un peu plus d’une heure plus tard, les premiers canadairs apparaissent : trois canadairs surgissent, oiseaux d’aluminium au ventre d’eau. Ils seront neufs à danser dans les cieux, trois jours durant, au rythme des flammes et du vent.

Des villages sont contraints à l’évacuation. Les pompiers, venus des quatre coins de la France, s’unissent dans la lutte. Et la terre des Corbières, rude et fière, révèle son cœur : Citoyens et paysans tissent une chaîne de solidarité, un lien profond, tenace, qui perdure encore — comme une racine dans la roche, fidèle à l’esprit du pays.

Depuis les collines de Ribaute, le feu s’est étendu, effleurant seize communes comme un souffle imprévu. Mais ce sont les pinèdes chantantes, les chemins de randonnée bordés de thym et de romarin et les vignes au matin, qui ont vu leurs couleurs s’éteindre sous l’ardente main.

Mais nous ne sommes pas là pour relater cet évènement, ce n’est pas notre rôle, je préfère vous partager cet article d’Anne Kerloc’h, originaire des Corbières et rédactrice en chef au magazine Le Point / réseaux sociaux et vidéos.
Un mois hors du commun à l’Office de Tourisme

Le Bureau d’information touristique de Lagrasse ferme ses portes pour trois jours. Dans ce silence apparent, Claudine et Delphine, conseillères en séjour, Charmaine et Valérie, venues nous prêter main forte, ne cessent de répondre aux appels : informer, rassurer, trouver un toit aux visiteurs désorientés. Céline et moi-même les épaulons dans cette mission, tissée d’écoute et de réactivité. En coulisses, nous nous attelons à mettre à jour les informations sur le site, pour que chaque donnée reflète la réalité du moment. Marion fait de la communication réaliste, mais positive sur les réseaux sociaux, nous sommes tant médiatisés que certains pourraient penser que les Corbières ne sont plus… Vivement que Sylvie, Nadine et Yona rentrent pour nous seconder. Nous savons qu’elles pensent très fort à nous. 

Pendant ce temps, le président Émile Delpy prête sa voix aux médias — télévision, radio — les interviews s’enchaînent, portées par l’urgence et la clarté.

Emile Delpy

Et de l’autre côté des frontières du territoire, des collègues nous tendent la main, solidaires dans l’épreuve. Remi Planton de l’office de tourisme de Bisca Grands Lacs partage son expérience d’un incendie quelques années plus tôt dans les Landes. Fabien Perrot directeur de l’office de tourisme du Limouxin organise une randonnée dont les fonds seront reversés à l’office de tourisme intercommunal Corbières Minervois. Nadine Darson Beretta, directrice de l’ADT de l’Aude fait un mail à tous les directeurs d’OT en adressant ses amicales pensées aux offices de tourisme impactés par l’incendie (Corbières, Salanque et nous) et nous encourage sur nos initiatives de solidarité. Pendant ce temps, Cédric, et Romain, les encadrants techniques sont en congés avec nos collègues en parcours d’insertion et c’est rassurant de les savoir hors du feu.

Le 18 août : rentrée particulière

Impossible d’aller sur le terrain : le préfet a fermé l’accès à tous les massifs du secteur. Le chantier d’insertion reste donc en atelier pour confectionner des panneaux. Le silence en dit long : nous savons que le travail de reconstruction sera important.

Le 28 août, un conseil d’administration mobilisé

Le président réunit le conseil d’administration. Un point de situation est dressé sur l’offre impactée. Les membres expriment une volonté claire : réaliser un état des lieux dès que possible, une fois l’entretien terminé des sentiers d’Albières, Auriac, Davejean, Bouisse, Félines-Termenes, Massac, Montjoi, Salza, Termes, Vignevieille et Villerouge-Termenes

Le 31 août : le feu est déclaré définitivement éteint

La préfecture vient d’annoncer l’extinction définitive du feu. Grâce à notre statut professionnel, nous sommes autorisés à reprendre l’entretien des sentiers de randonnée dans les Hautes Corbières, malgré les arrêtés interdisant l’accès au public. Nos interventions à cette période ne sont pas le fruit du hasard : elles s’inscrivent dans le respect de la charte Natura 2000, que nous avons librement signée. Notre calendrier se plie aux rythmes de la nature — aux saisons de nidification, aux équilibres fragiles du territoire — pour que chaque pas posé sur ces chemins soit en harmonie avec la vie qui les traverse.