Les villages des Corbières et du Minervois, typiquement méridionaux, sont le résultat de siècles d’histoire. Leur forme et leur organisation parlent encore aujourd’hui des temps anciens et les témoignages des activités passées sont souvent disséminés ça et là au détour des ruelles et des placettes.

De la préhistoire à la période romaine

L’occupation humaine en Corbières Minervois est très ancienne. Pour les périodes préhistoriques, les traces sont fugaces, hormis les dolmens (Massac) ou les ensembles de type oppidum comme celui d’Ornaisons (Mourrel).
Les Romains occupent la Province narbonnaise à partir de -118 et commencent à organiser, gérer et exploiter l’espace. Dans la plaine lézignanaise, lieu de passage par excellence de la Via Aquitania, au fil des travaux agricoles, sont remontés à la surface, poteries, tegulae, fragments de stèles funéraires, lampes… preuves de l’organisation passée du terroir dans le cadre de la « villa », dont la racine étymologique se retrouve dans notre fameux village.

Le village castral

Les villages que vous visiterez au fil de vos périples ont chacun leur histoire propre. Les premières traces historiques remontent entre les XIe et XIIe siècles pour la plupart. Se créent alors les premiers noyaux d’occupation, les premières fondations.

Le village castral est le village par excellence de notre territoire. Il est construit sur une éminence rocheuse ( Laroque-de-Fa), un promontoire (Albières qui contrôlait la vallée de l’Orbieu), ou une colline (Conilhac-Corbières est bâti sur une petite butte, ainsi que Tourouzelle).

Laroque-de-Fa
Laroque-de-Fa


Il est judicieusement placé à proximité d’un cours d’eau ou aux confluences, sur un axe de communication et favorablement orienté plein sud.


Au sommet de la butte, se trouvait le château seigneurial, qui s’entourait des maisons des paysans venus s’abriter. Les maisons s’étageaient autour, formant elles-mêmes des remparts. Si aujourd’hui, vous cherchez ces anciens châteaux, vous ne découvrirez que quelques éléments de fortifications, ou bien l’ancienne église castrale, qui est devenue au fil du temps l’église du village (Cruscades, Cascastel).


Fabrezan arbore encore fièrement sa tour seigneuriale. A Lanet, le peintre Max Savy a fait de l’imposant château sa demeure de prédilection. A Argens-Minervois, la masse imposante du château se reflète dans les eaux vertes du Canal du Midi. Et si vous recherchez un petit voyage dans le temps, passez la porte du quartier de l’escargot de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, noyau de l’ancien village castral dans son jus du XVIIe siècle.

Fabrezan
Fabrezan

Des origines ecclésiales

D’autres villages ont des origines plus ecclésiales. L’habitat, au lieu de s’organiser autour d’un château, va se concentrer autour de l’église. C’est le cas de Lézignan-Corbières, Mouthoumet, Saint-André-de-Roquelongue, et Quintillan.

Lézignan-Corbières


Avoir pour origine de fondation, une église ou la présence d’un prieuré (Saint-Martin-des-Puits) n’empêche pas ces villages de conserver des traces de fortifications identiques à celle des « castrum » seigneuriaux. C’est le cas de Mouthoumet qui possède un « fort » correspondant au noyau primitif du village.

Il existe aussi plusieurs cas particuliers en Corbières Minervois. Le village de Lagrasse se développe en miroir de l’abbaye sur la rive opposée. A Villerouge-Termenès, le village est construit autour du château seigneurial. Mais dans ce cas de castrum seigneurial, le seigneur était l’archevêque de Narbonne. Cet homme politique et religieux important, démontra son pouvoir séculier à travers un château aux quatre grandes tours imposantes.
Enfin, à Termes, le castrum d’Olivier de Termes fut détruit par le roi de France et toute la population déplacée sur le site du village actuel. Il fallait de la place pour construire la forteresse militaire qui se visite aujourd’hui.

Des habitats disparus

Tous ces villages correspondent à des habitats qui « ont réussi » à durer dans le temps. Au cœur des garrigues et des maquis, la toponymie et l’archéologie peuvent révéler les traces d’anciens habitats, désertés à des époques différentes : soit au moment de l’organisation des sites d’habitat médiévaux, comme Davejean ou Montjoi, soit plus tardivement à partir du XVIe siècle, par exemple le village et le château de la Bouisse à Montséret, ou encore Luc-sur-Orbieu.

La Bouisse Montséret
les ruines du château de la bouisse à montséret

Des villages en constante évolution.

En flânant dans les ruelles des villages en Corbières et Minervois, vous ne serez donc plus interpelés par la masse d’un château, une porte fortifiée ou la présence d’une église au cœur d’un réseau ancien de ruelles. Toutefois, vous vous apercevrez vite que ces villages ont certes une naissance médiévale, mais ont su grandir et évoluer au fil des siècles. Bien souvent les habitats médiévaux furent rasés ou abandonnés et ce sont les barris ou faubourgs qui connurent plus de succès. Au XIXe siècle, la cartographie de nos villages évoluent devant les nécessités modernes et le développement de la viticulture.

Sur les anciens fossés, se construisent de larges avenues plantées de platanes… les fortifications désuètes disparaissent, le village s’ouvre se dilate et s’organise autour de l’école publique et de la mairie… quand ce ne sont pas les morts que l’on déplace.
Pour certains villages, la culture viticole amène un nouvel essor démographique, de nouveaux quartiers se dessinent en bordure des avenues fraîchement taillées, mettant à l’honneur Maisons de maître, maisons vigneronnes et chais (Fabrezan, Moux, Canet, Boutenac, Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse). Un nouveau vivre ensemble s’organise ainsi.

Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
village de Saint laurent de la Cabrerisse