Contes et légendes structurent l’imaginaire du territoire, colporté par la tradition orale et les veillées…

Fées et sorcières

Les fées sont bien présentes dans les légendes locales. À Albières et dans d’autres villages, dans les ruisseaux ou les lavoirs, les fées-mitounes battent le linge les nuits de pleine lune. Attention au voyageur égaré qui voudrait les aider ou succomberait à leur charme : il serait entraîné définitivement dans l’autre monde.

« Dins los caminòls, qual las a fregadas
Las Mitonas ? N’i a, pr’aquò, sèt o uèit
Que, quand pel solelh le campèstre es quiet,
Dins de caunas son totjorn amagadas.
Defòra se’n van, subrabelugadas
Tre que lo boièr raiva dins son lèit
Van al gorg vesin mai fresc que la nuèit
Amb un bacèl d’aur lavar las bugadas. »
Prospèr Estieu.

Dans les sentes, qui les a frôlées les fées-mitounes ? Il y en a pourtant sept ou huit qui se cachent dans des grottes quand il fait soleil. Quand le laboureur est couché, elles vont au gouffre voisin faire la lessive avec un battoir d’or. Prospèr Estieu

A Lairière, les sorcières deviennent lièvres la nuit. Alors, quand l’heure devenait tardive, le maître de maison disait : « Se’n cal anar al lèit que la lèbre va passar » – Allons au lit, car le lièvre va passer.

Les animaux

On savait faire fuir les loups, comme ce musicien qui était monté à Albas pour jouer du violon. En redescendant vers la mer, il sentit qu’un loup le poursuivait. Il jeta les gâteaux de son salaire pour calmer la bête. Jusqu’à la dernière miette… Se voyant perdu, il toucha une corde du violon qui émit un son plaintif qui fit fuir le loup.

L’âne joua un rôle essentiel pour l’implantation de la vigne. Une histoire raconte qu’un âne prénommé Martin aurait même inventé la taille permettant à son maître puis à tant d’autres d’améliorer leur récolte.

« Mas ont èra passat l’ase Martin ? S’èra enfugit de l’estable. lo mèstre lo cerquèt, lo trapèt dins una vinha salvatja a la sortida de Tuissan. Aviá tot rosegat. Las brancas longas èran vengudas cortetas a l’entorn del soc. Lo mèstre te fotèt una repassada de còps de bròcs al paure Martin. Mas l’estiu vengut, unas bèlas gaspas apareissián sus las vises. A ! ongan, seriá pas una recòlta de rasims magrinèls. A temps de la vendémia, amassèt tot aquel rasim, lo faunhèt, gardèt lo chuc dins las tinas. Aquel chuc venguèt vin. E tot aquò mercé a Martin, l’ase de Tuissan qu’inventèt la poda ! »

L’âne Martin s’était échappé de l’étable. Le maître le retrouva dans une vigne sauvage à la sortie de Tuchan à ronger les sarments. Le maître rossa Martin. Mais l’été venu, les souches ployaient sous le poids des belles grappes de raisin. Martin avait inventé la taille !

Les rois

Les hauts faits de Charlemagne, réels ou légendaires, se retrouvent dans la désignation de plusieurs lieux ou à la base de l’édification de chapelles : « Dans une bataille incertaine contre les Sarrasins, le comte Olivier dit : « Où tombera mon épée, sera bâtie une chapelle » en promettant de bâtir un oratoire à la Vierge si la victoire lui souriait. Le lendemain, il mit en déroute l’ennemi et la chapelle de Notre-Dame de l’Olive fut bâtie. Il fit mettre un Rameau d’olivier dans la main de la Vierge en souvenir de son nom et de la paix obtenue. »

Vous pouvez partir à la recherche de trésors : celui d’Alaric, le roi wisigoth, caché quelque part sur les pentes du mont ou du côté de Duilhac-sous-Peyrepertuse en retrouvant la tasse de la reine : « En 1367, Enric de Transtamare perdit une bataille contre son frère naturel, Pierre le cruel, roi de Castille. Il s’enfuit avec sa famille. Arrivé à Peyrepetuse, son épouse Blanche s’arrêta pour boire à une source. Elle laissa tomber sa tasse d’argent que l’on ne retrouva pas. Peut-être y est-elle encore ?

le mont Alaric cache-t-il le trésor d’un roi wisigoth ?

Le curé de Cucugnan

L’histoire du curé de Cucugnan naquit d’une anecdote sur un curé de… Ginestas :

« – Pan pan pan !
– Qui tusta debàs ?
– Lo paire Borràs.
– Qual demandatz ?
– De gents de Ginestàs.
– Aicí n’i a pas, anatz pus bas.
– (En infèrn) – Intratz, intratz, n’i en manca pas. »
Hercule Birat – Lo sermon del paire Boràs

Traduction : Pan pan pan / Qui frappe en bas ? / Le père Bourras / Qui demandez-vous ? / Les gens de Ginestas. / Ici, il n’y en a pas. Voyez plus bas. / (En enfer) Entrez, entrez, il n’en manque pas.
Hercule Birat – Le sermont du père Bourras.

Mais les auteurs suivants et Roumanille, Daudet et Achille Mir trouvèrent le nom de Cucugnan plus savoureux !
Pourtant, il n’y a pas que le curé à Cucugnan, il y a aussi lo Mètge (le médecin) qui, dans la tradition populaire ou dans des pièces de théâtre (Prospèr Estieu, Max Roqueta) prétend pouvoir réveiller des morts dont personne ne souhaite voir le retour dans ce monde !

A Cucugnan, le conte a désormais trouvé un endroit d’expression privilégié avec l’organisation d’une Fête du Conte au mois de juillet, doublée d’un concours de sermons ! Enfin, au cœur du village, une version du Sermon du Curé de Cucugnan, vous est proposée au Théâtre Achille Mir.