Henry Bataille (Nîmes 1872 – Rueil-Malmaison, 1922)
Poète et dramaturge, repose au cimetière de Moux, dans un tombeau en forme de fontaine Renaissance : " Oui, j’ai vécu longtemps dans l’idée de ma mort. J’ai considéré ce monde qui m’entoure comme un feu brillant qui va s’éteindre. Cette certitude n’est point disparue avec la certitude revenue de vivre encore. Je sais que tout ceci doit périr, qui m’entoure. Le mal n’est pas dans moi, mais dans ce monde auquel j’appartiens, qui tourne et qui m’entraîne. Et c’est ce monde qui va disparaître. Et c’est ce drame que j’exprime, et c’est ce drame qui est mon théâtre et ma vie"
Il y a de grands soirs où les villages meurentAprès que les pigeons sont rentrés se coucherIls meurent doucement, avec de bruit de l’heureEt le cri bleu des hirondelles au clocher.Alors, pour les veiller, des lumières s’allument,Vieilles petites lumières de bonnes sœurs,Et les lanternes passent, là-bas, dans la brumeAu loin le chemin gris chemine avec douceur........Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnéesPour écouter mourir leur village d’antan,Car elles savent que c’est là qu’elles sont néesPuis les lumières s’éteignent, cependantQue les vieux murs habituels ont rendu l’âme,Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.